En 1717, en réaction au massacre de lamas à Lhassa par les Dzoungar2.8, Kanxi envoie au Tibet l'armée impériale et y installe un dalaï-lama favorable au parti impérial.
Dans le nord de la Mandchourie, Kanxi se heurte aux Russes. Des petits conflits ayant pour objet le marché de la fourrure éclatent. Mais en 1689, le traité de Nertchinsk, conclu en russe, en chinois, en mandchou et en latin, fixe les frontières sino-russes.
Sur le plan religieux, Kanxi abolit les prescriptions contre le christianisme et s'entoure de conseillers jésuites. Cependant, les chrétiens, même s'ils ont admis une pseudo-équivalence entre la conception confucéenne du tian (Ciel) et de la conception chrétienne de Dieu, condamnent les rites traditionnels, par ignorance de la pensée chinoise. La réaction de Kanxi est immédiate : la prédication du christianisme est interdite.
Qianlong (1735-1796) continue l'uvre de son ancêtre. En 1757, il annexe
la Dzoungarie et commet ce qu'on appellerait aujourd'hui un ``crime contre
l'humanité'' : le peuple dzoungar est exterminé (600 000 hommes sont
égorgés). Le pays est repeuplé par des colons musulmans venus des
provinces voisines. La Kachgarie est annexée, sous le nouveau nom de
Xinjiang (Nouvelle Marche).
En 1751, Qianlong profite de quelques émeutes à Lhassa pour rattacher plus profondément le Tibet à l'Empire. Le pouvoir politique passe aux mains de deux dignitaires chinois qui ont par ailleurs voix prépondérante dans la désignation de tout nouveau dalaï-lama. En contrepartie, le dalaï-lama est confirmé roi temporel du Tibet et reoit d'autres titres honorifiques. Par ailleurs, Qianlong prend soin, par prudence, de ménager l'autre personnalité importante du Tibet, le panchen lama, au couvent de Tashi Lhun-po.
En 1792, suite à une attaque des Gourkha du Népal au Tibet, Qianlong envoie l'armée chinoise au Népal et oblige ce pays à se déclarer tributaire de la Chine. Finalement, en 1796, la Chine retrouve comme au temps des Han et des Tang son étendue la plus vaste : un espace compris entre la Sibérie, l'Altaï, le Pamir et l'Himalaya.
A l'intérieur du pays, la dynastie mandchoue limite la propriété terrienne, favorise les petites exploitations. La propriété redevient morcelée, mais dorénavant, presque chaque paysan est propriétaire. Cela conduit dans l'ensemble à une amélioration du niveau de vie. Cette prospérité retrouvée se manifeste du point de vue démographique : la population passe de 60 millions en 1578 à 182 millions en 1766 et 330 millions en 1872.