Le début de la République est marqué par le développement de la presse,
des clubs, des associations, et des partis politiques. Une Constitution, faite sur le modèle américain est adoptée ; des élections sont organisées au début de 1913.
Mais cette démocratie à l'occidentale est éphémère : le Guomindang3.2 sort vainqueur des élections. Yuan Shikai fait assassiner Song Jiaoren, dirigeant du Guomindang au Parlement et dissout ce parti. Ses dirigeants sont condamnés à l'exil.
C'est à cette époque que la pénétration occidentale atteint son apogée en Chine. Les privilèges accordés après les guerres de l'opium perdurent. Les Occidentaux contrôlent maintenant également les douanes et les postes ; des voies ferrées sont construites par les puissances européennes. Les empiétements étrangers ne cessent pas : en 1911, la Russie prend le contrôle de la Mongolie extérieure, la Grande-Bretagne s'empare du Tibet en 1914. En 1915, Yuan Shikai accepte les ``vingt et une demandes'' du Japon qui établit de facto un protectorat du Japon sur la Chine.
En 1915, Yuan Shikai annonce son intention de rétablir l'Ancien Régime à son profit. Six provinces font sécession ; il est obligé de renoncer à son projet.
À la mort de Yuan Shikai, quelques mois plus tard, le gouvernement s'affaiblit au profit des ``Seigneurs de la guerre'' (dujun), des chefs militaires provinciaux. Le Sud de la Chine fait à nouveau sécession ; Sun Yat-sen revient à Canton en 1917, à la tête d'un gouvernement hostile à Pékin.
La république de Sun Yat-sen a bouleversé le visage traditionnel de la Chine :
La structure confucéenne, en quatre états - lettrés (shi), paysans (nong), artisans (gong), marchands (shang) -, n'est plus acceptée par la nouvelle bourgeoisie enrichie par le capitalisme moderne. Une nouvelle classe, celle des ouvriers, formée par des paysans reconvertis, apparaît.
La structure politique est également totalement nouvelle. Sous l'Empire, le pouvoir politique s'analysait en ``Mandat du Ciel'' ; la république de Sun Yat-sen, au moins à ses débuts, le transforme en ``Mandat du Peuple''. C'est un retournement de pensée total. En outre, le rapport de la Chine et du Monde sont également inversés : la Chine cesse d'être le ``centre du monde'', l'Occident et le Japon sont de nouveaux modèles. Ainsi, au début des années 20, la Chine se trouve au bord d'une crise identitaire majeure.
La critique de l'ancienne culture se cristallise autour de quelques points principaux :