Tai Zong doit faire face aux Türks de Mongolie, avec qui il signe la paix. Il devient même qaghan (grand khan). Pendant 50 ans, les Türks orientaux seront soumis à la Chine. Tai Zong soumet également le Tibet, par le mariage d'une infante chinoise au chef du Tibet. Le Népal devient aussi vassal de la Chine.
Tai Zong s'attaque ensuite aux Türks du Türkestan et rétablit le protectorat chinois sur le bassin du Tarim et de Turfan. La maîtrise de ces oasis permet en effet de contrôler la route des caravanes vers l'Inde et l'Iran. La réouverture de la route de la soie a des conséquences économiques importantes : le commerce devient florissant ; au contact des Indiens, les Chinois apprennent à fabriquer le sucre de canne ; ils apprennent à fabriquer le vin de raisin dans les oasis de la région de Kachgar. L'extension de la Chine vers l'Inde et l'Iran a également des conséquences sur le plan spirituel : la présence chinoise dans le Tarim favorise le développement du bouddhisme dans l'empire et le christianisme nestorien arrive de l'Iran2.3.
Les successeurs de Tai Zong doivent faire face à des difficultés : Gao
Zong (650-683) doit combattre les révoltes des Türks occidentaux et des
Tibétains qui s'emparent de Koutcha, Qarachahr, Kachgar et Khotan. Les Türks
de Mongolie recommencent également leurs razzias sur les terres chinoises
situées de l'autre côté de la Grande Muraille.
Sous le règne de l'empereur Xuan Zong (712-756), la civilisation chinoise et l'extension territoriale de la Chine atteignent leur apogée. Xuan Zong est un lettré et s'entoure de poètes tels Tu Fu et Li Po ainsi que de danseurs et de musiciens venus d'Asie Centrale. Xuan Zong se lance à son tour dans une politique de reconquête des territoires perdus. Il s'allie avec les Ouighours et combat par l'intermédiaire de tribus türkes soumises à sa suzeraineté les populations arabes venues de Perse. Xuan Zong doit également combattre sur un autre front les Tibétains, qui menacent les passages et les échanges vers l'Inde. Les petits royaumes demandent l'aide de la Chine contre les Tibétains. Sous Xuan Zong, la Chine jouit alors d'une situation géostratégique inédite. Elle se fait protectrice du Cachemire, de Gilgit et de Kaboul et jusqu'à Samarkand, c'est-à-dire dans une bonne partie du Pakistan et de l'Afghanistan actuels.
Mais en 751, l'expansionisme chinois doit s'arrêter devant les troupes arabes, sur le fleuve Talas2.4. En 755, profitant de la révolte d'un général barbare, An Lushan, les peuples récemment conquis, en particulier les Tibétains, revendiquent leur indépendance. Su Zong emploie tout son règne (756-762) à la reconquête de la Chine sur les rebelles. Le rétablissement de la situation se fait grâce à l'aide du qaghan Ouighour.
Sous l'influence ouighoure, des temples manichéens
sont crées en Chine.
Sous les Tang, parallèlement, le christianisme
nestorien se développe.
Mais ces deux doctrines restent marginales face au confucianisme, au taoïsme et au bouddhisme
. En 845, l'empereur taoïste Wu Zong combat les bouddhistes.
Mais, paradoxalement, c'est à cette époque que le bouddhisme s'installe
véritablement en Chine, parce qu'il devient chinois : des éléments
taoïstes et bouddhistes se mélangent, inaugurant le début du syncrétisme
chinois.
La révolte de An Lushan laisse des traces ineffaçables : en huit ans
de guerre civile (755-763), la Chine perd toutes ses possessions extérieures,
sauf le Vietnam, et la population est décimée : en 754, le rencensement
dénombre 52 millions d'habitants ; en 839, 75 ans après la guerre civile,
il n'y a plus que 30 millions d'habitants !
Cette crise démographique s'accompagne d'une crise économique et sociale. Face aux pressions fiscales et à la levée de troupes, les petits propriétaires vendent leurs terres et se font serfs. Le commerce est ruiné. Après la guerre civile, les caisses de l'État sont vides ; les prélèvements fiscaux se font insupportables. Tous ces éléments conduisent à une révolution en 874. Un nouveau morcellement de la Chine apparaît : la Chine du Sud éclate en sept dynasties provinciales, tandis qu'au Nord, cinq dynasties se succèdent et des peuplades barbares, les Kitat, s'installent à l'intérieur de la Grande Muraille, jusqu'à Pékin.