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3.2.3.1 Le Grand bond en Avant (1958-1960)

En 1958, le PCC lance le Grand Bond en Avant, dont le but est de permettre le développement économique et technique du pays.

Il semble que la décision de Mao de se lancer dans le Grand Bond en Avant ait été basé en partie sur son incertitude au sujet de la politique soviétique d'assistance économique, financière, et technique à la Chine.

Le Grand Bond en Avant est centré sur un nouveau système socio-économico-politique créé dans les campagnes et dans quelques zones urbaines : les communes populaires.. À l'automne 1958, 750.000 coopératives (maintenant appelées brigades de production) sont rassemblées en 23.500 communes, comprenant chacune 5.000 foyers ou 20.000 personnes. Chaque commune disposait du contrôle de tous les moyens de production et était organisée comme une communauté financièrement indépendante en ce qui concerne l'agriculture, l'industrie locale peu importante, la scolarisation, le commerce, l'administration et la sécurité (gérée par des milices). Organisées selon un modèle paramilitaire, les communes populaires avaient des cuisines communes, des crèches. En un sens, les communes ont constitué une attaque fondamentale à l'institution de la famille, surtout dans certaines régions où se sont produites des expériences radicales de vie dans un milieu communautaire (grands dortoirs plutôt que noyau familial traditionnel). Le système reposait également sur la réalisation de grands travaux (travaux d'irrigation, barrages hydroélectriques), vus comme d'autant d'éléments permettant le développement simultané de l'industrie et de l'agriculture.



Mais le Grand Bond en Avant a été un véritable échec économique. Dès le début de 1959, le PCC reconnaît que les prévisions de production de 1958 a été exagéré. Les conséquences économiques sont nombreuses : pénurie de nourriture (résultant aussi en partie des catastrophes naturelles), pénurie de matières premières pour l'industrie, surproduction de marchandise de qualité médiocre, détérioration du tissu industriel à cause d'une mauvaise gestion, épuisement et démoralisation des paysans et des intellectuels. On avance que le Grand Bond aurait causé la mort de quelques dizaines de millions de personnes.

Les conséquences politiques ne sont pas négligeables. Mao, qui porte la plus grande responsabilité du fiasco du Grand Bond, est démis de ses fonctions de président de la République Populaire, mais demeure à la tête du PCC, et est remplacé par Liu Shaoqi. Le ministre de la défense Peng Dehuai, qui s'oppose ouvertement à Mao soi-disant sous l'influence de Nikita Khroutchev, est déposé, remplacé par Lin Biao, qui commence par écarter de l'armée les soutiens à Peng Dehuai.



L'agitation interne se reflète à cette époque dans la politique étrangère de la Chine. En 1958, les Chinois reprennent le bombardement massif par l'artillerie des îles côtières nationalistes, accompagné par une propagande agressive contre les Ètats-Unis et par une déclaration d'intention pour ``libérer'' Taîwan.

Le contrôle chinois sur le Xizang (Tibet) avait été affirmé en 1950. La révolution socialiste qui s'est déroulé de façon croissante par la suite s'est transformé en un processus de sinisation pour les Tibétains. Le point de tension culminant est atteint lors des révoltes de 1958-1959 et de la fuite en Inde du Dalaî-Lama, leader spirituel des Tibétains. Les relations avec l'Inde se détériorent lorsque des milliers de réfugiés tibétains traversent la frontière indienne.

Figure 3.6: Zone frontalière litigieuse avec l'Inde
\resizebox{8cm}{!}{\includegraphics{images/litige.ps}}

Plusieurs incidents frontaliers éclatent en 1959 et une brève guerre sino-indienne se déroule en 1962 lorsque la Chine refuse de céder l'Aksai Chin3.5, une petite zone de 103.600 $km^2$ que l'Inde considérait comme sienne. L'Union Soviétique donne son soutien moral à l'Inde dans la querelle, ce qui contribue à refroidir les relations entre Pékin et Moscou.

Le différend sino-soviétique de la fin des années 50 est l'évènement le plus important dans l'évolution des relations étrangères de la Chine. L'Union Soviétique avait été le bienfaiteur et l'allié de la Chine, mais les relations entre les deux se refroidissent. L'Union Soviétique suspend en 1959 la coopération nucléaire avec la Chine. Dès lors, les Soviétiques rappellent progressivement leurs conseillers et techniciens et réduisent ou annulent l'aide économique et technique à la Chine. Cette discorde tient à plusieurs facteurs. Tout d'abord, les deux pays n'ont pas la même notion de la coexistence pacifique. Les Chinois ont une approche plus militante et inflexible de la lutte anti-impérialiste, mais les Soviétiques ne veulent pas, par exemple, donner leur support au problème de Taîwan. En outre, les deux pays sont en désaccord sur des questions de doctrine. Les Chinois accusent les Soviétiques de ``révisionisme'', les Soviétiques les accusent de ``dogmatisme''. Ces disputes sont également renforcées par des litiges territoriaux remontant au XIXe s. Quoi qu'il en soit, la suspension de l'aide soviétique donne un coup au plan chinois de développement industriel et de technologies de pointe (dont le nucléaire).


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© Jerome Picault - Février 2001